Exposition de la Lauréate 2017
Dohyeon Eom
Deux membranes souples, légères et courbées.
Ouvrir une parenthèse, fermer cette parenthèse après l’avoir remplie de mots un peu différents. L’espace créé entre deux parenthèses ( ) permet d’emmener délicatement, comme dans un murmure, des éléments que l’on hésite à isoler, autonomes aussi et que l’on frôle facilement sans les retenir. Les mots que l’on place dans cette fente que créent les parenthèses, dans cet espace limité pour ne pas heurter ou modifier la nature du corps principal, donnent aussi la possibilité de commencer une nouvelle histoire : voici à la fois l’ordinaire mais aussi l’extraordinaire, le (langage), l’(image), et le (médium). Les parenthèses ( ), deux membranes souples, légères et courbées, forment un quasi-espace, entremêlé dans un autre espace plus assuré, une porte semi-dérobée par où transpirent certains désirs.
Prenant les photographies des paysages et des objets en tant que tels, Dohyeon Eom représente par ses images poétiques le souffle de leurs existences dissimulé dans leur caractère ordinaire. L’artiste réalise souvent ses différentes séries de photographies en se promenant dans une ville le regard empreint de curiosité sur son histoire. Ici l’adjectif « ordinaire » est paradoxal. En réalité, ces villes où se promène l’artiste lui sont étrangères, elle qui a immigré, de sorte qu’à ses yeux, il n’existe pas dans sa pratique. D’ailleurs les villes sont en constante (r)évolution et donc ce qui y est ordinaire aussi. Dans ce contexte, le mot « ordinaire » est une chose qui est séparée légèrement de la nature par la forme et la perspective de l’artiste. Pour Dohyeon Eom, la photographie est un médium qui peut entourer les choses quotidiennes et révéler leurs visages exceptionnels comme les parenthèses enlacent tendrement des bribes d’histoires désirées. Cette série de photographies reflète le regard curieux et la réflexion de l’artiste, révélant à neuf l’(extra)ordinaire d’objets dans de différentes strates et épaisseurs de l’espace et de l’histoire. Les objets et les paysages qui coexistent dans les formes de l’artiste continuent en fait de respirer par son regard.
La première exposition personnelle de Dohyeon Eom, Entre parenthèses ( ), expérimente les différentes formes de la photographie au travers de l’installation, l’édition, l’objet et la projection des images, parfois conçues spécialement pour ce lieu d’exposition. Montrant ses séries de projets photographiques depuis ses débuts, l’artiste réfléchit surtout à comment exposer des photographies qui racontent une histoire différente, en respectant toujours l’espace d’exposition, en y intercalant subtilement les images, comme on insère des mots timides entres parenthèses dans un texte. Dans les fentes de l’espace existant, insérant soigneusement un quasi-espace fait de parenthèses qui sont autant de clés pour de nouvelles histoires, Dohyeon Eom teste les relations et la corrélation entre les photographies, les objets, et le lieu.
Commissaire de l’exposition : Soyoung Hyun
Biographie
Dohyeon Eom
Née en 1987 à Ulsan, une ville portuaire au sud de la Corée du Sud, Dohyeon Eom quitte
l’Université du Design à Séoul pour étudier l’art en France. Elle est diplômée de l’Ecole
Nationale Supérieurs d’Art Paris-Cergy (ENSAPC) en 2014 et d’un Master de Photographie
à l’Université Paris 8 en 2017. Depuis 2013, Dohyeon Eom participe à plusieurs work-
shops artistiques avec des théoriciens, cinéastes, photographes et aussi à des expositions
collectives du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (Mes Géographies, 2014),
Fondation Louis Vuitton (recto/verso, 2015), Le BAL (Le Petit Tour, 2017), Galerie
Ygrec (Image Mobile, 2017), etc. Dohyeon Eom est co-fondatrice de la maison d’édition
franco-coréenne, ces éditions, crée en 2017, questionnant l’objet livre en tant que support
de la photographie. En 2017, Dohyeon Eom gagne le prix Objectif Femmes grâce auquel
elle réalise sa première exposition solo au Salon Aguado, espace d’exposition de la Mairie
du 9e qui tente de montrer son travail sur l’image photographique et son rapport avec
l’espace et le spectateur.
Communiqué de presse :
On en parle en Corée !
Souvenirs du vernissage