Exposition personnelle de Cécile Henryon
Lauréate du Prix Objectif FEMMES 2024
Du 30 octobre au 9 novembre 2025
LaVieNuitDeBoue & Dedans embourbé, autour craquelé
Photographies de Cécile Henryon
Dans cette exposition réunissant deux séries artistiques puissantes, la photographe primée Cécile Henryon explore les tensions intimes et universelles face à l’urgence écologique.
Dans LaVieNuitDeBoue, la Terre devient personnage : sombre, sensuelle, grondante. Une fiction noire et poétique où la boue scintille et se soulève, où la Terre-mère semble avertir, se rebeller, prendre corps face à l’inaction humaine.
Avec Dedans embourbé, autour craquelé, l’artiste scrute les résistances mentales qui freinent notre basculement écologique. Une plongée dans les mécanismes du déni et de l’inertie collective, entre argile modelée et éléments naturels, où le regard intérieur devient le premier pas vers le changement.
Deux récits visuels qui se répondent : l’un charnel et onirique, l’autre introspectif et lucide — tous deux appelant à réinventer notre lien au vivant.

"LaVieNuitDeBoue"
Une série artistique photographique
(avec céramiques photographiées).
On oppose souvent la terre au ciel. Le ciel, associé à l’éternité, semble immuable, tandis que la terre, elle, est changeante, vivante, traversée par la mort comme par la vie. Pendant une nuit blanche, dans la boue sombre, quelques étoiles persistent à briller. L’obscurité aiguise nos sens, réveille nos peurs archaïques, ranime nos instincts et déploie notre imaginaire.
Être debout la nuit, et non allongé.
Refuser le sommeil comme un renoncement. Rester vivant quand tout s’éteint. S’étreindre quand la nuit vient. Réveiller une douce folie. Se rouler dans la boue comme des enfants ou des fous, plutôt que nuire à la Terre en plein jour.
Dans LaVieNuitDeBoue, la nuit ne s’explore pas en levant les yeux au ciel, mais en les tournant vers la terre : tantôt fluide et souple, tantôt rigide et autoritaire. À travers les photographies et les céramiques photographiées, la boue s’anime : elle scintille, elle grouille de vie. L’argile s’immortalise et annonce une rébellion poétique et étrange de plantes monstrueuses aux ventres galbés.


La terre respire, souffle, fait jaillir de ses entrailles la vie, et se révèle nourricière. Elle nous rappelle ses avertissements écologiques, la force de son corps créateur. Comme un rêve prémonitoire aux allures de fiction obscure, pour cette Nuit Blanche, la Terre-mère deviendra sombre.
"Dedans embourbé, autour craquelé"

Pourquoi continuons-nous à poursuivre des désirs néfastes, même lorsque tout crie au changement ? Qu’est-ce qui nous fait persister, même quand c’est destructeur ?
À travers cette série photographique, Cécile Henryon explore nos résistances intimes et inerties collectives face à l’urgence écologique.
Réalisée dans la forêt de Fontainebleau, cette série s’enracine dans un territoire à la fois personnel et universel. L’artiste y vit désormais, plus proche du vivant, dans un désir de ralentir, d’observer, d’habiter autrement. Les mises en scène, conçues uniquement à partir d’éléments naturels et d’argile modelée, s’inscrivent dans cette volonté de sobriété poétique. La lumière du jour, sans artifice, accompagne ce retour à l’essentiel.
Inspirée par les réflexions du psychologue et neuroscientifique Albert Moukheiber, la série interroge nos biais cognitifs, ces mécanismes internes qui freinent parfois notre capacité à changer, malgré les faits. Pourquoi continuons-nous à agir “comme si de rien n’était”, alors que les données scientifiques sont là, claires, alarmantes ?
Elle dialogue également avec la pensée de François Lasserre, qui invite à repenser notre lien aux êtres non-humains, à sortir d’une vision utilitariste du monde, à retrouver une forme d’humilité et de cohabitation avec le vivant.
Les images évoquent nos habitudes ancrées, nos plaisirs réflexes, nos fantasmes hérités d’un autre siècle — autant de gestes qui, bien que familiers, participent à l’effondrement en cours. Entre formes animales, végétales, minérales et formes d’argile, elles dessinent un théâtre mental où s’opposent lucidité et inertie.
Ce travail n’accuse pas. Il met en lumière et questionne. Il tente de figurer ce qui nous "embourbe", ces résistances invisibles mais puissantes. Il cherche, image après image, à rendre visible l’invisible : la lutte intérieure, le déni, le basculement possible.
Cette série invite à franchir un seuil : celui du regard intérieur. Car c’est peut-être là que commence — lentement, discrètement — le changement.

Exposition à la Mairie du 9e arrondissement de Paris - 6, rue Drouot - Tous les jours de 11h à 17h en présence de l'artiste - Entrée libre - Métro Richelieu Drouot.