Estèle Decléènne
Lauréate Objectif FEMMES 2022
Portrait chinois :
Si j'étais un livre de chevet :
"Clair de femme" de Romain Gary
Si j'étais une citation :
"Sans mémoire, il n’y a pas d’identité" Anselm Kiefer
Si j'étais une déclaration d’amour :
Celle de Michel Polnareff à la France dans sa chanson "Lettre à France".
Si j'étais une fleur :
Le myosotis pour sa légende autour de l’oubli.
Ma musique du moment :
"La beauté graciée"
Le travail qui vous est présenté se tient dans divers lieux d’Italie du Nord au Sud photographiés durant l’année 2020. A la suite de l’adoption de la loi Basaglia venue réformer l’intégralité du système psychiatrique italien à la fin des années 60, plusieurs centres de détentions (asiles, orphelinats, sanatoriums) ferment pour toujours. Laissés pour compte, la nature y reprend ses droits, la patine des murs s’est adoucie, le silence a remplacé les cris, la mémoire a cédé place à l’oubli. Au-delà des apparences, il s’agit moins de l’inventaire d’un patrimoine en déliquescence que d’une recherche humaine à propos de ceux qui y sont passés et dont il ne reste aucun souvenir. Ces hommes et ces femmes emprisonnés, dans l’incapacité de communiquer avec l’extérieur, broyés par un système plus carcéral que soignant, sont les grands absents de mes photos mais c’est à eux qu’elles rendent hommage afin de leur redonner corps et âme, de leur permettre une existence posthume. Ce sont eux qu’il faut deviner dans ces scènes dépouillées, dans ces endroits naufragés du temps. Et quand bien même leur grande beauté singulière perdure, l’humain y subsiste lui aussi, en creux, et à c’est à lui que mon travail est dédié.